QUE FAIRE SI VOUS AVEZ MAL PROPORTIONNE LA DEFENSE ET L'AGRESSION ET QUE VOTRE AGRESSEUR BLESSE VOUS MENACE D'UN PROCES?

Section 1

Cours belge de Self-défense


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UE FAIRE SI VOUS AVEZ MAL PROPORTIONNE LA DEFENSE ET L'AGRESSION ET QUE


VOTRE AGRESSEUR BLESSE VOUS MENACE D'UN PROCES?


Si on vous agresse, que ce soit dans la rue ou chez vous et que vous vous défendez trop bien, vous pourriez être amené à vous trouver devant les tribunaux; tribunal de police, correctionnel ou même cour d'assise selon la gravité des blessures que vous aurez causées à votre agresseur.


Chacun pense: "C'est impossible j'ait tout de même le droit de me défendre; ce genre de situation n'arrive qu'aux autres".

Et puis un jour on se retrouve dans la situation du pépé flingueur qui tire un coup de carabine sur les voleurs qui en voulaient à ses chardonnerets. Ce pauvre homme s'est retrouvé avec les voleurs sur le banc des accusés et a été condamné.


Que penser aussi de ce garagiste qui, attaqué sauvagement, crève, en se défendant, l'œil d'un de ses agresseurs, et se retrouve sur le banc des accusés à côté de son agresseur qui lui réclame des millions de dommages et intérêts.

Tout cela peut faire sourire mais est parfois bien dramatique pour la victime qui se retrouve abaissée au même rang que la crapule.


Les juges ne permettent pas qu'on se défende à tort et à travers et quand vous recevez les cambrioleurs à coups de fusil ou de barre de fer, ils estiment que vous avez à votre disposition des moyens moins dangereux pour les mettre en fuite.


On est tout de même curieux de savoir comment ces magistrats réagiraient s'ils se trouvaient à la place des victimes.

Quoi qu'il en soit, si vous appliquez sans retenue une des techniques de ce cours et que votre agresseur est blessé, agissez immédiatement avant qu'il n'ait l'idée de vous réclamer des dommages.


Si vous en avez les moyens, faites vous assister d'un bon avocat.


Déposez immédiatement plainte, faites bien ressortir dans votre déposition que vous étiez en état de légitime défense et que vous n'aviez aucune autre alternative que d'agir comme vous l'avez fait. Insistez sur le fait que vous n'aviez pas la possibilité de vous enfuir; on peut supposer que votre agresseur vous maintenait ou bloquait la seule issue que vous pouviez atteindre. II est aussi possible que la peur vous coupait bras et jambes et que vous étiez cloué sur place. (Les juges disent souvent à la victime : "Si vous vous étiez enfui, rien ne se serait produit" et si vous avez utilisé une arme, ils disent que vous aviez à votre disposition un moyen moins dangereux).


Si vous avez frappé votre agresseur avec un objet ou si vous avez appliqué une technique qui l'a blessé sérieusement, vous l'avez sans doute fait dans un ultime mouvement de défense sans que votre esprit soit tout à fait présent.

La seule chose à laquelle vous étiez capable de penser était que votre agresseur était armé et que votre vie était en danger et que vous alliez mourir. Vous avez frappé instinctivement sans intention de faire mal. D'abord, avant de porter cet ultime coup, vous en aviez vous-même reçu de nombreux; votre médecin pourra sûrement l'attester.


Voilà pour ce qui est de la première déclaration aux policiers qui viendront sur place. Après une agression, retenez qu'il vaut mieux déclarer: "J'ai eu très peur, j'ai vraiment de la chance de m'en sortir ainsi" que de jouer les gros bras, et d'être très fier d'avoir arrangé votre agresseur, car le législateur permet que l'on se défende mais sans faire de mal à son agresseur. Et si vous lui en avez fait, vous devez absolument convaincre que le danger encouru était bien réel et que vous n'aviez aucune autre alternative.


Après votre audition à la police ou la gendarmerie, vous avez 80 chances sur 100 que votre bonne foi soit reconnue et que vos raisons d'agir soient justifiées.


Dans ce cas l'affaire poursuivra son cours, enquête. interrogatoire, confrontation, et probablement tribunaux ou vous serez invité en tant que victime.


Même à ce stade. si vous en avez les moyens, faite vous assister d'un avocat, car pendant l'audience, le vent peut encore tourner et le président du tribunal pourrait encore estimer que votre défense n'était pas justifiée et de victime vous transporter au banc des accusés.


Après l'agression, il se peut que se soit votre agresseur qui dépose plainte, et se constitue partie civile. Pour la justice, c'est avec la même objectivité que le voleur blessé et la victime doivent être regardés. Et si votre agresseur est sérieusement blessé, le président du tribunal vous dira probablement qu'on n'a jamais le droit de se rendre justice soi-même. Peut-être ajoutera-t-il que votre agresseur ne méritait pas la punition que vous lui avez infligée, etc .... Dans ce cas il ne vous restera plus qu'à faire confiance à la balance de la justice et à la plaidoirie de votre avocat.


Tout compte fait, si on vous agresse, défendez vous énergiquement sans penser trop au sacro-saint principe de la légitime défense. Mieux vaut aller devant les tribunaux qu'à  l'hôpital ou au cimetière.


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