La cloche

Section 3

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LA CLOCHE...

"La cloche" en Belgique, cela existe


La Belgique se dit civilisée, crie au scandale à chaque manifestation de violence, combat la torture, l’esclavage en dehors de ses frontières, alors qu’elle ferme les yeux sur les misères de certaines couches de la population, victimes d’un rejet total, dont la situation est pratiquement sans issue et la vie un véritable enfer.

Ils sont plusieurs milliers en Belgique, ils vivent comme des bêtes, dorment régulièrement à la belle étoile ou dans les lieux publics tels que les gares, arrêts de bus, immeubles abandonnés, sous les ponts...Ils sont âgés de 15 à 60 ans et même plus. Leur état de santé est souvent lamentable, l’hygiène et les soins médicaux in- existants. Leur corps est souvent habité par de nombreux locataires : poux, puces, champignons et parasites de toutes sortes. Ils ne comptent ni famille, ni amis.

Ce sont des abandonnés, des isolés le plus souvent sans la moindre relation avec le monde extérieur, qui, de toute façon, les rejettent avec brutalité sans aucune pitié, sans essayer de les comprendre. Avant d’arriver à la cloche, ils ont été refoulés de partout : les parents, les amis, tous les ont laissés tomber, ils ont perdu toute dignité, toute estime d’eux-mêmes. Leur mode de vie, les excès de conduite, l’abus de l’alcool, drogue, les nuits passées à la belle étoile ou passés assis dans une gare, les stations debout pendant des journées entières, le froid, le manque de nourriture minent leur santé. Ils ne survivent pas longtemps à leur misérable condition, bien souvent ils meurent quelques mois ou quelques années après avoir rejoint ”la cloche”.


Comment devient-on clochard ?

Les raisons économiques sont prédominantes, l’inflation des loyers, la course au logement, le manque de revenus jettent par- fois des familles entières à la rue, rapidement heureusement, le CPAS ou d’autres organismes sociaux interviennent et procurent habitation, nourriture et vêtements. Pour quelques-uns hélas, cela ne se passe pas aussi bien, parfois handicapés mentaux, ils tournent en rond une journée ou deux sans solliciter aucune aide. Révoltés, le cœur vidé après des heures de marche sans but, ils s’écroulent et s’endorment sur un banc ou dans une gare d’autobus ou tout autre lieu. C’est le début de la cloche. Certains rejoignent volontairement la cloche par déception, difficultés dans la vie familiale et sentimentale, rupture du couple et l’amorce de la grande descente. Parfois des adolescents arrivent à la cloche, incompris et battus de leurs parents qui vivent mal un divorce, rejetés par toute la fa- mille, menacés de placement dans les instituts que leurs proches présentent comme de véritables bagnes; souffrant de troubles affectifs, ils fuguent. La fugue est souvent l’antichambre de la cloche. S’ils ne sont pas récupérés rapidement, c’est très vite le fond du gouffre, misère, alcool, drogue, prostitution, SIDA, vol...

Chaque grande gare de Belgique abrite des clochards ou des démunis, vivant une vie affreuse, ils sont rejetés de tous, de partout. Les forces de l’ordre très souvent les expulsent de leur seul abri. Si, pour vous, l’occasion se trouve d’en rencontrer un, n’hésitez pas à lui offrir votre paquet de cigarettes, un sandwich, un hamburger ou mieux, un bon repas.

Surtout, évitez de jouer les moralistes et de poser des questions du genre : Comment avez-vous pu en arriver là ?

Ce geste ne ruinera aucun d’entre nous, mais pour celui qui peut-être n’a plus mangé depuis deux jours, c’est un véritable don des cieux.


Les animaux de la cloche

Certains clochards possèdent un compagnon à 4 pattes qui partage avec eux leur misérable existence. Un chien qui est leur seul ami, leur seul réconfort, le seul qui sache les comprendre. A Liège, une ASBL ”Love Animals” et ses magazines associés ”Animaux contact” et ”Poils aux pattes”, en collaboration avec ”Objectif sécurité”, ont décidé de venir en aide à ces défavorisés.

Chaque semaine, plusieurs dizaines de kilos d’aliments déshydratés seront distribuées aux animaux de la cloche.

”Love Animals” et ses magazines associés distribuent déjà nourriture en abondance et soins vétérinaires à de nombreux chats errants de Liège. Entre 1989 et 2012, cette ASBL a ainsi distribué plus de deux tonnes de nourriture à des personnes démunies possédant chien ou chat.                                                                     


                                                                       Christiane ROUFOSSE


Mai 2013, veillard dormant à même le sol rue Winston Churchill à Bressoux