PIERRE CARETTE et CCC LA GRANDE MANIPULATION

Objectif Sécurité


PIERRE CARETTE et CCC, LA GRANDE MANIPULATION


Pierre Carette était responsable de la DOCOM [Documentation communiste], connu en France, en Allemagne et en Italie comme éditeur militant à Bruxelles.

Il imprimait les tracts revendiquant et justifiant les actes terroristes perpétrés à l'étranger comme certaines actions des FARL en 1982 et notamment le mitraillage de la mission d'achats israélienne Bd Malesherbes à Paris.

C'est au cours de la livraison de ces tracts qu'il avait été victime d'un accident de voiture en mai 1982 sur l'autoroute du Nord entre Paris et Bruxelles à hauteur de Compiègne.

Sa passagère, la compagne de Jean-Marc Rouillan, avait été grièvement blessée. Remplie de tracts révolutionnaires et circulant à plus de 170 km/h, la BMW avait effectué plusieurs tonneaux franchissant la rambarde de sécurité avant de se retrouver sur l'autre voie de l'autoroute les roues en l'air, laissant les gendarmes perplexes quant à la destination des voyageurs.

La présence des tracts avait interpellé la gendarmerie, la DGSE informée donna comme instruction de ne pas inquiéter et de n'interpeller personne pour ne pas rompre le fil et continuer à bénéficier des observations futures que les infiltrés permettraient de découvrir.


IDENTIFIE DES 1982

Cette manière de procéder démontre que les CCC belges était déjà identifiés et observés avant leur 1er attentat et que la suite n'a été que machination.

Il faut dire que Carette n'était guère discret : début 1980, il participait à Paris à l'élaboration d'une plateforme commune de réflexion et d'action révolutionnaire en Europe, participait aussi à ces réunions des membres d'Action directe, du collectif ligne rouge, des Brigades rouges, de l'organisation révolutionnaire socialiste dont Morched Chabou et son fils spirituel Georges Ibrahim Abdallah, tueur notoire travaillant pour les services secrets syriens. Deux avocats avaient également pour habitudes de participer à ces réunions ainsi que des représentants du CSPPA, le comité de solidarité avec les prisonniers politiques arabes et du Proche-Orient.

Des agents d'accès appartenant à la CIA, la DGSE et de la DIGOS prenaient également part à ces assemblées comme militants actifs.










INFILTRE

Agent d'accès, infiltrant se plaçant sur la route des activistes d'une organisation terroriste et jouant le jeu du militant idéal. Pour ne pas se faire démasquer et pour remonter les filières le plus haut possible, les infiltrés tiennent parfois un rôle actif en faisant passer argent, équipement etc...

C'est dans ce contexte que du matériel volé au cours de manœuvres OTAN [opération Oesling 1984 à Vielsalm] dans une caserne belge s'est retrouvé aux mains des terroristes.

Au cours de ces réunions, Carette était très clair, tout en restant solidaire, il désapprouvait totalement les attentats pouvant ou ayant fait des victimes.

Il clamait haut et fort que personne ne devait s'en prendre à des innocents quelques soient les motivations.

Carette se revendiquait comme le chef des communistes révolutionnaires belges, demandant aux autres groupes de ne jamais intervenir en Belgique.

Il affirmait détenir ± 1 tonne d'explosifs volés dans une mine. Bien que la mine n'était pas gardée, son groupe qu'il présentait comme une armée [mais qui en réalité ne se composait que de 3 personnes] avait dû s'y prendre à 4 reprises sur un intervalle de 3 semaines.


FIDELE A SA LIGNE

Pour réaliser sa première vague d'attentats perpétrés entre octobre 1984 et mai 1985, Carette avait pris le soin d'étayer la motivation de ses actions: le 1er mai 1985, les CCC avaient rendu public un communiqué de 48 pages.

Après son arrestation, Carette a commencé à faire la grève de l'instruction, c'est-à-dire qu'il ne répondait pas aux convocations du juge et refusait de se présenter devant la Chambre du conseil.

Sa cellule était éclairée et surveillée 24 heures sur 24, un gardien couchait devant la porte. Au cours de l'été 1986, il a fait une grève de la faim pour obtenir de meilleures conditions de détention.

Gentleman, il n'a donné aux enquêteurs aucun renseignement sur ses copines Joséphine, Abdo et Jacqueline Esber, il n'a pas non plus avoué avoir partagé sa tonne d'explosifs avec le groupe de son vieil ami, Frédéric Oriach.

Dès son inculpation, il a fait appel à Me Jacques Vergès pour assurer sa défense, mais il s'est ravisé très vite ne voulant pas faire appel à l'avocat de Klaus Barbie.

Il s'est ensuite désigné comme défenseur Maître Jean-Paul Mazurier, l'avocat de Georges Ibrahim Abdallah et de Frédéric Oriach, suspectant à juste titre que cet as du barreau avait des affinités avec les services secrets français DGSE.

Il lui a écrit en mars 1987 pour le remercier et lui signifier qu'il n'était plus son défenseur. Maître Jean-Paul Mazurier participait aux réunions d'élaboration d'une plate-forme commune de réflexion et d'actions révolutionnaires en Europe et tenait “la piscine” informée des faits, gestes et décisions des activistes.


MEGALOMANE

Toujours souriant, Carette était assez mégalomane, il adorait se vanter et se mettre en valeur. Il était très fier de sa popularité et du sondage effectué par le journal Rock qui l'avait classé ex aequo avec Madonna comme 2e personnage de l'année. Au cours de réunions d'activistes tenues à Paris dans l'arrière salle de café, il aimait raconter une histoire qui le faisait rire sans retenue : "Carette, disait-il, se présente à la porte du paradis. Il accoste Saint Pierre qui lui demande son nom.

"Pierre" répond Carette avec l'assurance d'être aussi célèbre que son interlocuteur. Saint-Pierre consulte son grand registre, prend une mine désolée et dit: "Je regrette, vous ne pouvez pas, votre nom n'est pas parmi les élus. Vous vous trompez bonhomme, je viens simplement vous avertir que vous avez ¼ heure pour évacuer les lieux, tout va sauter".

Depuis 1980, la plateforme de réflexion et d'actions révolutionnaires en Europe était infiltrée par la CIA, la DGSE et la DIGOS italienne. Tous les participants étaient photographiés, identifiés et fichés. C'était d'autant plus facile qu'ils payaient leur loyer et réglaient leurs dépenses domestiques en tirant des chèques sur un compte commun à plusieurs militants ce qui ne pouvait échapper à la vigilance des infiltrés.

Enfin, leur avocat qui avait la confiance de tous les groupes, était un agent de la DGSE. La CIA laisse faire. Au 1er attentat, la CIA aurait pu fournir à la Sûreté de l'Etat toutes les informations nécessaires à l'identification et à l'arrestation du chef des CCC. Mais à l'époque, le gouvernement américain jugeait la justice belge beaucoup trop molle. Notre pays était considéré par Washington comme un home de pacifistes. A l'époque, les actions des CCC et des Tueurs du Brabant servaient les intérêts américains tout en prenant des mesures d'usage pour protéger leurs propres intérêts, ils préféraient laisser faire et même piloter et orienter les actions des terroristes plutôt que de les faire arrêter. Les services secrets italiens s'alignaient sur les décisions de leurs alliés américains.

Si les TBW agissaient comme des fous sanguinaires, la volonté constante des CCC étaient de ne faire aucune victime. Lors de leur attentat, ils avertissaient par tracts ou téléphonaient à l'avance pour permettre aux personnes présentes sur les lieux de s'enfuir. Et si finalement, il y a eu 2 victimes, c'est parce que "2 malheureux pompiers" ont été dépêchés par la police sur les lieux d'un attentat malgré l'avertissement d'évacuation générale.

On aurait voulu le faire exprès que l’on n’aurait pas agi autrement.


MANIPULATION

En 1990, Giulio Andreotti a déclaré : la vague de terrorisme qui a frappé l'Europe a été orchestrée par la CIA, nous en détenons les preuves.

Daniel Burdan, agent de la DST, a informé ses supérieurs des activités terroristes de Georges Ibrahim Abdallah et de son groupe.

Comme aucune suite n'était donnée à ses rapports, il s'est adressé à Charles Pasqua. Son service et l'Elysée ne l'ont pas supporté et Daniel Burdan a été éloigné de toutes fonctions de police et sa vie menacée. Après l'accident dont avait été victime Carette en 1982, la justice belge avait été informée des activités subversives de Carette. Pourtant, quand Jean Gol a déclenché l'opération Mammouth, son nom a été retiré des personnes à perquisitionner.

Une arrestation prématurée aurait compromis l'avenir de la 23e brigade. Comprenne qui pourra !


Léon ROUFOSSE