Tueurs du Brabant Wallon : Quelques aberrations du dossier, ce qui n’a jamais été dit
Le 03 mars 1983, le supermarché Colruyt de Hal est pris pour cible. Quatre auteurs cagoulés pénètrent dans le magasin armés de riot gun. Deux d’entre-eux menacent le personnel et les clients pendant que leurs deux complices se dirigent vers le bureau du gérant, monsieur Walter Verstappen. Le gérant est en réunion avec deux de ses collaborateurs quand il aperçoit les deux hommes armés et cagoulés qui se dirigent vers son bureau, il clame : Ce n’est pas vrai. Ce qui pourrait laisser supposer qu’il a reconnu ses agresseurs. Un employé plonge immédiatement sous un bureau et n’en bouge plus, tandis que l’autre, Jules K reçoit un coup sur une main et un autre sur la tête avec un long bâton lesté de plomb. Le gérant est exécuté d’une balle dans la tête après avoir remis ± 700000 FB aux braqueurs qui quittent les lieux sans être inquiétés.
Les deux auteurs portent une cagoule et ont le visage couvert d’un fond de teint très semblable à celui qu’utilisent les militaires pour opérer la nuit.
Jules K est le seul témoin qui a pu observer de très près deux des tueurs et en faire une description très précise. Après l’arrestation des Borains, il sera confronté avec Cocu, Estiévenart et Dramaix qu’il ne reconnait pas ?
Environ un an plus tard, Jules K est convoqué à nouveau à la PJ de Bruxelles où il est confronté à un homme arrêté après un séjour aux Seychelles. L’individu est grand, d’une allure sportive, chichement habillé et porte une magnifique montre Rolex.
Jules K reconnait immédiatement l’homme qu’il a vu dans le bureau du magasin. En quittant le palais de justice, il aperçoit à nouveau le suspect menotté et accompagné de policiers. Ils croisent son regard et observe avec attention ses yeux, son allure, sa démarche. Aucun doute, c’est bien lui l’agresseur.
A aucun moment, le nom du suspect n’a été mentionné. Jules K n’entendra plus parler de rien et l’affaire en restera là.
Dans le courant de l’année 1989, la surprise de Jules K est sans limite, il regarde un programme à la TV sur l’enlèvement de VDB et l’arrestation de Patrick Hammer. Il est ahuri de reconnaître l’homme avec qui il a été confronté à la PJ de Bruxelles. C’est lui, c’est Patrick Hammer.
Dès le lendemain, il portera cette extraordinaire découverte à la connaissance de la justice sans qu’aucune suite ne soit réservée à ses déclarations.
Autres faits aussi troublants :
Le 02 octobre 1983, deux hommes entre dans l’Auberge des Trois Canards à Ghain. Ils menacent de leur arme le personnel et exigent d’obtenir les clés de la Golf rouge de la fille du patron. Celui-ci est emmené de force sur le parking de l’auberge et est exécuté d’une balle dans la tête. Il décèdera peu après à l’hôpital. Les tueurs prennent la fuite dans la Golf volée.
L’auberge était fréquentée par de nombreux hommes publics, une des filles de la victime a toujours affirmé avoir reconnu l’un des tueurs à ses yeux et sa voix et à sa grande taille. A l’époque, magistrats et enquêteurs lui firent cette extraordinaire réponse : pour accuser, il faut des preuves, en avez-vous ?
La Golf repeinte professionnellement sera utilisée lors des deux monstrueuses attaques suivantes. Où a-t-elle été repeinte ? Et par quel carrossier, W ou L ?
Le plus aberrant
Supermarché Delhaize à Beersel, le 07 octobre 1983, venu à quatre, les tueurs exécutent le Directeur Freddy Vermaelen et font plusieurs blessés.
Trois suspects sont rapidement arrêtés. Chez eux, on découvre des riot-gun, balles chambrées à portée de mains sous leurs lits et des masques de carnaval semblables à ceux qui avaient servi à l'attaque meurtrière du Delhaize de Beersel.
Ces personnes sont arrêtées et placées en garde à vue. Au cours de leurs interrogatoires, elles fournissent des alibis, vérifiés par les enquêteurs, qui se révèlent faux. Un des suspects a un squelette tatoué sur son bras, ce qui avait été indiqué par une des caissières du magasin. Et pour couronner le tout, deux des trois personnes avaient été identifiées par plusieurs membres du personnel comme de curieux clients qui étaient passés la veille. Probablement en repérage des lieux.
Dans pareil contexte, n'importe quel suspect, aurait été présenté à un juge d'instruction qui aurait immédiatement délivré un mandat d'arrêt. Et bien non, pas eux, après une vingtaine d'heures de garde à vue, suite à l'intervention du commissaire Fox Roméo et du procureur du roi Jean Deprêtre (celui-là même qui était si virulent dans le dossier des borains) le trio est remis en liberté. Aucune analyse balistique n'est demandée pour les armes découvertes et il est interdit aux enquêteurs bruxellois de les inquiéter à nouveau.
Autres faits étranges
Le 23 décembre 1982, José Vande Eynde, concierge de l’Auberge du Chevalier à Beersel est torturé et ensuite abattu de 6 balles de calibre 22 long. Étonnamment, Juan Mendez enquêtait sur ce meurtre, il a rendu plusieurs visites à monsieur et madame F., les nouveaux occupants de l’Auberge et leur a posé de bizarres questions et tenu un étrange discours.
A plusieurs reprises, la petite fille de la victime a affirmé sans être écoutée détenir un document qui permettrait d’identifier le tueur de son grand-père (lire article précédent sur Mendez).
Et pour clôturer, les crimes n’étaient pas tous gratuits : agendas, serviettes, porte-documents, k7 video et autres audio ainsi que d’autres objets personnels ont été dérobés à plusieurs victimes.
Dans le contexte actuel, ne serait-il pas judicieux de procéder à un nouveau contrôle d’identité des trois suspects et interpellés après l’attaque du Delhaize de Beersel et de réentendre monsieur Jules K, le témoin de l’attaque du supermarché Colruyt de Hal, madame V, la petite-fille du patron de l’Auberge des Trois Canards, monsieur et madame F de l’Auberge du Chevalier ainsi que la petite-fille du concierge.
Un lien semble unir plusieurs victimes à un trafic d’armes, de drogues, Léon Degrelle, l’Ordre Nouveau et la Floride.
Léon ROUFOSSE