Tueurs du Brabant Wallon : Le témoin qui a vu l'homme, qui a vu l'ours !
Le conditionnel est de rigueur pour protéger la présomption d'innocence et par sécurité les noms ont été remplacés par des pseudos
Tango, travaille sur un bateau amarré à Dunkerque, à quelques encablures est amarré le bateau sur lequel travaille Robin, son meilleur pote.
Comme activité, Robin organise, à l'intention des touristes, des mini-croisières sur son bateau. Pour attirer la clientèle, il a peint en grand son numéro de GSM sur un des côtés de son bateau. Cette activité n'est pas déclarée, il s'agit ni plus ni moins d'un travail en noir.
Robin et Tango partagent tout et lèvent souvent le coude ensemble. Une nuit de novembre 1997, alors qu'ils se trouvent sur le même bateau et qu'ils viennent d'essuyer une grosse tempête, Tango, complètement saoul, est en mal de confidence.
Il confie à Robin : « j'ai buté un patron de café et aussi des macs pour rendre la liberté à des prostituées. Malgré qu'elles étaient libres et pouvaient mener une vie normale, elles ont continué leurs activités de salopes. Alors je les ai butées aussi ».
Robin : « t'as bien fait, j'aurai peut-être fait pareil »
Tango : « j'ai aussi buté des femmes et des enfants, des macs et des putains, des innocents. »
Robin : « tu ne vas pas me dire que tu étais un des tueurs du Brabant Wallon ? »
Tango fait tristement oui de la tête.
Robin : « qui t'a payé pour faire ça ? »
Tango : « une mafia en col blanc, dirigée par le gouvernement, des politicards »
Robin : « pourquoi ils t'ont fait faire ça ? »
Tango : « pour désorganiser le pays et placer leurs hommes aux pouvoirs.
Robin : « pas possible, tu déraille »
Tango : « si, même que cette mafia a des entrées au Palais »
Robin : « c'est un peu gros, tu ne crois pas ? »
Tango : « regarde sur les photos de l'autre qui a écrit des articles sur le Palais. Il y a un membre de la mafia dessus, et maintenant, ils me tiennent, je ne peux plus les quitter »
Robin compatissant : « mon pauvre pote ; tu as dû en voir de toutes les couleurs.
La nuit s'achève et la vie continue. Le sujet ne sera plus abordé par les deux compères.
En 2010, une grosse querelle oppose les deux hommes. Dans sa colère, Tango aurai même causé d'importants dégâts au bateau de Robin.
Robin se souvient alors qu'une grosse récompense de 250 000 euros est promise à celui qui fournira un renseignement sur les tueurs. Pour reprendre son expression, en avril 2010, il se précipite chez la juge Mimi et lui raconte tout. Après l'avoir écouté, la juge lui aurai dit qu'il devait consulter, d'urgence, un psy. Il insiste, et est éjecté avec des menaces de représailles à la clé.
Dans les jours qui suivent, les contrôles deviennent incessants, les ennuis s'accumulent, son illégale activité lui est reprochée.
En octobre 2011, furieux, Robin se rend à la police de Dunkerque et raconte tout au commissaire en lui précisant que l'arrestation des TBW va booster sa carrière. Prudent, le commissaire interpelle Tango, le place en garde à vue pour un motif futile et prévient ses collègues belges.
Les heures s'écoulent et le commissaire ne reçoit aucune nouvelle des autorités belges. « Pas de flics belges avec une commission rogatoire ».
Après 48 heures, Tango est relâché et de plus, il est informé des lourds soupçons que Robin fait peser sur lui.
Robin rappelle alors la cellule TBW, il est éconduit et prié de laisser travailler les enquêteurs. Dépité, il ne sait plus quoi faire pour attirer l'attention sur Tango. Il en parle à chaque touriste qui monte sur son bateau.
« Il a reçu les aveux d'un tueur du Brabant Wallon et il raconte inlassablement ce qui précède. Il sait tout du tueur, il avait 37 ans en 1983, il connaît même le nom de sa compagnie d'assurance. En plus des 28 morts attribués aux TBW, il a aussi buté des macs et des prostituées. Robin contacte aussi plusieurs médias. Il en rajoute, les portraits robots 7 et 21 seraient ses complices ».La plupart l'écoutent et le prennent pour un mythomane. La DH informe le parquet de Liège.
Un jour arrive ce qui devait arriver. Rentré chez eux, des touristes en parlent : « ils ont rencontré un homme qui a reçu les aveux des tueurs ». La juge Michel est informée, une commission rogatoire se rend dans le sud. Le reste est connu le 13 mai 2014, Tango est placé sous mandat d'arrêt pour neuf chefs d'inculpations et son nom, jeté au mépris de la présomption d’innocence, jeté en pâture aux médias.
Cette arrestation laisse perplexe, il semble qu'elle aurait pu intervenir en 2010. Pourquoi avoir éconduit Robin en 2010. A l'époque, Tango pouvait être entendu sans grands frais, ce qui aurait épargné en 2014 cette coûteuse commission rogatoire.
Comprenne qui pourra.
Portrait et photo extraits de la page 48 de l'excellent livre
« Tuerie du Brabant Wallon : Le dossier, le complot, les noms » dont Guy Bouten en est l'auteur.
Jusqu'il y a quelques mois, tout le monde s'accordait pour dire que la ressemblance entre le portrait N°17 et Bouhouche était troublante.
Léon ROUFOSSE